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Association pour la Connaissance de la Culture Historique Littéraire & Artistique


L'association

Saintes, de Mediolanum Santonum à la ville des pèlerins de Saint-Jacques

Aux origines de la cité

C’est dans l’une des sinuosités formées par la rivière que la cité de Mediolanum se développe dès le 1er siècle avant Jésus Christ.  Ce territoire est alors occupé par le peuple des Santons qui entretient déjà des relations avec Rome. Dès la conquête, César intervient pour contrecarrer les plans d’invasion sur les terres santones : « On annonce à César que les Helvètes ont le projet de se rendre…dans le pays des Santons lequel est voisin de celui de Toulouse …César voit que si les choses se passent ainsi, ce sera pour cette province un grand danger, d’avoir pour voisin, dans un pays de plaine, très fertile en blé, des peuples belliqueux, ennemis des romains».

L’aménagement d’une grande route venant de Lyon (Lugdunum) aboutissant en Aquitaine chez les santons illustre la destinée toute tracée de cette contrée à qui on souhaite confier un rôle important dans l’organisation de la Gaule. Cette voie structurée par Agrippa (vers 40-37 ou 20 av. J.-C.), aboutit sur la rive droite du fleuve. L’arc de Germanicus construit plus tard, vers 18-19 ap. J.-C. marque l’aboutissement de cet ouvrage routier et matérialise l’accès à la ville. S’élevant à l’entrée d’un pont franchissant le fleuve, il devient la porte monumentale de la cité et fixe l’axe urbain principal (est-ouest) appelé decumanus maximus, aujourd’hui rue Victor Hugo. C’est un éminent personnage Caius Julius Rufus, prêtre de Rome et d’Auguste à l’autel du confluent, c’est-à-dire à Lyon, qui offre l’édification de l’ouvrage. Une inscription précise ses origines gauloises.

Un faisceau d’indices laisse penser que Mediolanum a été la première capitale historique de la province de la Gaule Aquitaine, territoire se déployant entre la Loire et les Pyrénées.  Outre le réseau viaire très précoce qui se met en place, les monuments qui sont construits aux 1er et 2e siècles accréditent son rôle prépondérant. La structuration urbaine, organisée autour d’une trame orthogonale, se met en place rive gauche dans la plaine alluvionnaire mais surtout sur le promontoire et au delà. Aujourd’hui encore le site de l’amphithéâtre, l’arc de Germanicus, les vestiges des thermes de Saint-Saloine ou bien encore l’aqueduc témoignent de l’envergure donnée à la cité gallo romaine. Les fouilles menées au 19e siècle dans les soubassements du rempart ont permis de réunir une collection lapidaire d’un intérêt majeur. Ces blocs issus du démantèlement des monuments publics et funéraires vers 300 ap. J.-C. montrent la grande dextérité des lapidarii qui ont œuvré pour la cité. Ces nombreux vestiges lapidaires composent les collections du musée archéologique réunies à côté d’objets de la vie quotidienne ou issus d’ateliers d’artisans de la cité.

Une parure monumentale d’exception

Si les temples et les basiliques ont disparu, si le forum n’est pas localisé avec certitude, d’autres monuments donnent de l’opulence de Mediolanum une image éloquente. A l’ouest de la ville, dans le creux d’un vallon, sont préservés les vestiges de l’amphithéâtre, très certainement l’ouvrage le plus symbolique de l’ancienne cité gallo-romaine. Le chantier de cet ouvrage exceptionnel a été conduit dans la première moitié du 1er siècle sous le règne de Tibère et s’est achevé vers 40 sous le règne de Claude. Une voie desservait cette infrastructure située non pas au cœur de la cité mais à sa limite occidentale afin de pouvoir drainer une foule nombreuse. Le chantier d’envergure a été mené en utilisant les atouts du cadre naturel, la cavea (structure en pierre) s’appuyant sur les pentes du terrain. Le site avait la capacité d’accueillir la population de la cité (15 000 personnes environ) afin d’assister à des jeux, des combats et des chasses très appréciés et généralement offerts par les personnages les plus influents. L’ouvrage architectural ménageait différents niveaux de gradins organisés autour de 90 accès  et escaliers.  La répartition sociale était stricte, les plus démunis occupant les rangs supérieurs alors que les plus riches profitaient des places du podium, au plus près de l’arène.

Autre lieu très significatif de la cité gallo-romaine, les thermes de Saint-Saloine situés au nord de la ville (rue des thermes) ne sont pas les seuls repérés dans l’agglomération, d’autres ayant été localisés près de la Charente, quai de l’Yser. Cet établissement de bains construit dans la seconde moitié du 1er siècle est encore en partie enfoui sous le cimetière Saint-Vivien. Son fonctionnement nécessitant un apport en eau conséquent reste énigmatique. Seules des arases de certaines salles et de bâtiments sont conservées : le caldarium (salle des bains chauds) et les niches correspondant à une fontaine. Une statue funéraire veille sur le site, illustrant le rôle de nécropole du lieu après son abandon au cours de l’Antiquité tardive. De l’église dédiée au saint Saloine construite à la période romane, il ne reste que l’hémicycle de l’abside. Parmi les ouvrages d’art conçu durant le 1er siècle, l’aqueduc qui acheminait l’eau à Mediolanum a mobilisé l’attention et les recherches des historiens depuis le 18e siécle. Son captage est localisé à la Font-Morillon à Fontouverte puis à la Grand Font dans la commune du Douhet. Là encore, très tôt, les ingénieurs conçoivent un ouvrage d’exception, nécessitant une grande technicité, cette canalisation étant aménagée en souterrain ou bien sur des ponts franchissant les vallons (Pont des Arcs-Fontcouverte).

Au fil du temps, la ville antique se densifie dans la partie septentrionale et les nécropoles marquent ses limites. De nombreuses zones dédiées aux activités artisanales sont identifiées à l’écart des espaces habités ainsi que sur les bords du fleuve rive gauche et rive droite. La cité connait son apogée au cours du 2e siècle.

Le temps du déclin

 Vers 300 ap JC, la cité de Mediolanum connait une mutation similaire à celle de nombreuses agglomérations de la Gaule. Cette ville ouverte très étendue et prospère semble rencontrer des difficultés l’obligeant à se replier derrière une enceinte qui n’englobait qu’une partie de sa superficie initiale. Le rempart s’étire sur environ 1,5 km et désormais la ville fortifiée couvre 16 hectares. Elle comprend le quartier bas situé dans le méandre formé par la Charente ainsi qu’une portion du promontoire rocheux. Certaines parties de la ville paraissent désormais inoccupées et abandonnées, puisque des monuments sont démontés et les blocs de grand appareil récupérés pour former le soubassement du rempart. Provenant du démantèlement de mausolées, de bâtiments publics, ces pierres sont souvent traitées avec un décor des plus exceptionnels.  Les vestiges de l’ouvrage sont  encore visibles place des Récollets ou bien encore dans l’enceinte de l’ancien hôpital (ou Site Saint-Louis), rue Bernard. Dans son aspect originel, la muraille est probablement flanquée de tours et percée de portes, et doit avoir un rôle tout aussi dissuasif que défensif. Le pont, lancé dans le prolongement de la voie Agrippa, constitue  le trait d’union avec la rive droite et demeure  le passage incontournable pour pénétrer au cœur la ville. L’amphithéâtre est délaissé, trop éloigné du nouveau schéma urbain qui se met en place alors.

Une cité religieuse

La cité est progressivement christianisée. Certains textes font de Saint Eutrope le premier évêque de la contrée et ce dès le 1er siècle. La légende s’est installée mais il faut probablement ramener l’évangélisation de la population de la cité aux alentours des 4e et 5e siècles. Les évêques Vivien, Pallais ou Trojan œuvrent dans sa suite et sous la houlette du premier une basilique est édifiée, peut-être la première cathédrale. Ces saints personnages seront inhumés dans des nécropoles proches du rempart et leurs tombeaux feront l’objet d’un culte.  Malgré la présence du siège épiscopal, l’histoire de la cité reste obscure durant tout le haut Moyen Age même si elle essuie vraisemblablement les attaques des Vikings au 9e siècle.

La ville médiévale et se faubourgs

Au cours du Moyen âge, la cité intra muros est devenue exigüe obligeant une partie de la population à s’installer à l’extérieur de la muraille. Les faubourgs qui voient le jour à la périphérie de la ville remparée se développent essentiellement autour des lieux cultes dédiés aux premiers évêques : saint Eutrope, saint Vivien et saint Pallais. Le pouvoir religieux se renforce et les fondations se succèdent : on dénombre ainsi un monastère, une dizaine de paroisses, des prieurés, des chapelles, des aumôneries et une maladrerie ; la ville et ses bourgs sont traversés par le chemin venant de Tours et qui converge vers Compostelle, la Via Turonensis.

Politiquement la cité a été affaiblie par la mort du comte de Saintes en 866. Convoitée par les princes des contrées voisines, elle intègre finalement le vaste domaine des comtes de Poitiers, ducs d’Aquitaine. Au cours du 11e siècle, elle relève pendant quelques décennies du comte d’Anjou, époux d’Agnès de Bourgogne. En 1064, le comte de Poitiers reprend l’ascendant sur ce territoire. Le château établi sur le promontoire de la ville exprime alors la puissance du pouvoir seigneurial. Ce monument a aujourd’hui disparu.

A cette période le paysage urbain est surtout  marqué par la présence d’importants édifices religieux, dont le principal est la cathédrale Saint-Pierre, installée au cœur de l’ancien castrum gallo-romain à proximité du fleuve. Aujourd’hui, il ne reste pas de traces visibles d’une occupation antérieure au 12e siècle. Seules les sources mentionnent les basiliques élevées par saint Vivien et saint Pallais sans préciser leur situation.  Des sondages archéologiques récents, réalisés dans la partie sud de l’édifice, laissent toutefois envisager la présence d’occupations antérieures. L’histoire du monument se conjugue à une longue série de heurts et de destructions. Ainsi après avoir été incendiée dans la première moitié du 11e siècle, la cathédrale est reconstruite à partir de 1120 sous l’impulsion de l’évêque Pierre III de Confolens mais sa consécration n’intervient qu’en 1185. Le cloitre est aménagé tout comme la sacristie durant les deux siècles suivants. Après les années de tourmente liées à la guerre de Cent-ans, un vaste chantier de reconstruction est lancé par les évêques Rochechouart. L’édifice roman est partiellement préservé le temps de l’avancée du chantier gothique. Cette entreprise colossale amorcée au milieu du 15e siècle, se prolonge au 16e siècle occasionnant des difficultés financières au Diocèse. La marche des travaux s’opère depuis l’ouest,  avec l’édification de la tour porche, aujourd’hui la part la plus emblématique du monument. Les guerres de Religion interrompent cet élan bâtisseur. En 1568, les protestants dévastent l’église. Certaines parties comme le chœur et les chapelles ne seront achevées qu’au moment de la reconstruction au 17e siècle. Mais le parti pris est plus modeste : dans la nef et le carré du transept, une charpente est installée. Le bras de transept sud, lui, a résisté. Il est le vestige de la cathédrale romane du 12e siècle. A l’extérieur, le grand portail en accolade édifié à la base de la tour est remarquablement orné de voussures historiées : anges musiciens, docteurs de l’Eglise, évêques de Saintes, saints et prophètes.

L’Abbaye aux Dames

Sur la rive droite de la Charente, l’autre site emblématique de la ville à la période médiévale est l’Abbaye aux Dames. Installée à proximité de l’église Saint-Pallais, l’établissement religieux a engendré la formation d’un bourg le long de l’ancienne voie antique (rue Saint-Pallais, rue Arc-de-Triomphe). Geoffroy Martel, comte d’Anjou et sa femme Agnès de Bourgogne sont à l’initiative de la fondation de cette abbaye bénédictine de femmes. Dédiée à la Vierge, elle est consacrée en 1047. Dés sa création ses possessions et privilèges  sont nombreux. L’abbaye détient de très nombreux droits, coutume, bois et forêts, marais salants sur le littoral saintongeais. Son patrimoine est très étendu. Ce monastère féminin accueille  des moniales issues pour la plupart de grandes familles régionales.

Les bâtiments conventuels

Les vicissitudes de l’histoire n’épargnent pas le monastère et ses bâtiments. Outre les déprédations perpétrées par la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion – le cloître est endommagé et certaines sculptures du portail sont bûchées –, les incendies du 17e siècle s’avèrent dévastateurs. Ils ruinent alors les bâtiments conventuels, qui sont entièrement reconstruits sous la conduite de l’abbesse Françoise de Foix. Après l’incendie de 1648, l’abbesse décide de faire reconstruire l’ensemble des bâtiments en pierre : la salle capitulaire, une « salle des moniales », une vaste pièce voûtée en berceau au sous-sol et  deux niveaux de cellules. Ce long bâtiment, d’allure sévère, rappelle les architectures militaires de son temps. Un retour d’angle situé à l’ouest était prolongé par l’«hôpital» des pèlerins détruit au 18e siècle. D’autres bâtiments, abritant les communs et l’hostellerie entourent les deux grades cours auxquelles on accède par un porche du 18e siècle.

Un édifice d’exception

L’église abbatiale du 11e siècle était plus modeste que celle qui s’élève sur le site aujourd’hui. Dès le 12e siècle, elle est transformée, agrandie et probablement embellie par rapport au bâtiment primitif. Le clocher en forme de pomme de pin et la façade datent de cette période. Cette dernière offre une organisation qui se diffuse comme modèle dans toute la Saintonge. Sa division tripartite accueille un portail central et de grandes arcades latérales aveugles au rez-de-chaussée et à l’étage. Le programme sculpté qui se déploie sur les voussures met en scène les anges, le Tétramorphe (symboles des Evangélistes), les Vieillards de l’apocalypse, le Massacre des Innocents.  Sur l’arcade de droite se développe la Cène tandis qu’à gauche, le Christ bénit des personnages. Ce programme est l’œuvre d’une équipe très influencée par les sculptures de la croisée du transept de l’église Saint-Eutrope. Ces mêmes sculpteurs ont travaillé dans la partie supérieure du clocher. L’étage de la façade plus tardif est traité avec des motifs ornementaux plus secs correspond à la phase ultime de la sculpture romane.

Après le déclin : la renaissance

Au 18e siècle, l’abbaye est affaiblie et doit céder une partie de ses biens. Elle sert de prison à  la Révolution et  par un décret impérial de 1808 elle se transforme en caserne. Les militaires utilisent l’église comme écurie et installent un dortoir sur un plancher à mi-hauteur. Le cloître a été rasé pendant l’occupation militaire.

En 1924, la ville racheta l’église au ministère de la Guerre et fit entreprendre sa restauration complète. Elle est rendue au culte en 1939. Les bâtiments monastiques, abandonnés après la guerre, sont restaurés dans les années 1970-1980 sous l’impulsion de saintais amoureux du site et mélomanes avertis. Le festival de Saintes donne l’impulsion nécessaire à la renaissance du site. Chaque année s’y déroule le Festival de Saintes, important rendez-vous des musiques de toutes les époques interprétées selon une recherche d’authenticité. Cette même démarche anime la programmation annuelle au travers de formations, recherches, conférences et concerts. Le monument est ouvert à la visite toute l’année.

Sur le chemin de Saint-Jacques

Depuis l’est, après avoir franchi la Charente pour gagner la rive gauche, il faut traverser la cité pour rejoindre le haut lieu abritant les reliques de saint Eutrope. L’église perchée sur les hauteurs d’une colline situé au sud-ouest de la ville, fait partie des sites incontournables.   Son histoire est liée à celle de la grande abbaye de Cluny en Bourgogne. Ce prieuré est  en effet donné aux moines clunisiens en 1081, le comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, Guillaume VIII, espérant faire oublier ses fautes auprès de l’Eglise. Les religieux engagent alors un chantier de reconstruction et adoptent une organisation spatiale peu habituelle en accordant à la crypte des dimensions exceptionnelles calquées sur celles du chœur des religieux. Le monument est un des chefs-d’œuvre de l’art roman. Il s’inscrit très vite comme une étape majeure sur la via turonensis l’un des chemins du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

De prime abord, la haute flèche gothique qui domine le quartier, ne laisse en rien deviner les attraits et l’organisation spécifique de l’édifice. Ce dernier n’est d’ailleurs pas intégralement conservé, sa nef en mauvais état a été démantelée en 1803. Un sérieux avatar pour ce monument, car durant plusieurs siécles le cheminement des pèlerins vers la crypte se faisait par le vaisseau principal. L’accès à l’église est donc modifié, et la façade occidentale très austère cache le chœur autrefois destiné à la communauté religieuse. La crypte est accessible par le rez-de-chaussée du clocher, au nord. Cette dernière, très développée, présente un transept prolongé par un chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes. Au centre prend place le sarcophage avec la mention Eutropius. Ici l’élévation du sanctuaire souterrain et la sculpture qui s’épanouit sur les chapiteaux composent un lieu unique. Les corbeilles végétales, toutes différentes, sont les œuvres d’un atelier expérimenté. Certaines sont très influencées par des modèles antiques, un constat analogue qui s’exprime lors de la découverte de certaines productions de l’église haute. Ce niveau supérieur était destiné au culte de la communauté. Les dispositions ont évolué : la colonnade du déambulatoire a disparu et la chapelle d’axe a été agrandie. A l’ouest, sur les chapiteaux, se déploient des figures, des animaux et des éléments végétaux qui composent des représentations uniques. Certaines scènes historiées sont plus explicites: un Pèsement des âmes, dans lequel le fléau de la balance s’incline du côté de l’archange en dépit des efforts de Satan ; Daniel dans la fosse aux lions, a les mains levées, dans l’attitude de l’orant.

A l’extérieur, le chevet accueille une sculpture qui souligne chaque élément d’architecture :  les oves, les  perles, les  pirouettes, les dents de scie et les pointes de diamant agrémentent l’ensemble de l’élévation nord.

Ces parties orientales ont été consacrées lors du passage du pape Urbain II à Saintes en 1096. Le prieuré n’a pas été préservé. Son cloitre a été démantelé et les bâtiments qui subsistent sont tardifs, datant pour l’essentiel des 17e et 18e siècles.

Le cœur de la cité : lieu des pouvoirs

A la fin du Moyen Age, l’imposante muraille protège toujours la vie de la cité. Une fois franchi les murs, la ville s’organise autour de ses ruelles étroites – comme celles du Gros raisin, de l’Arche Gaillard ou du Piège – et de ces voies majeures, très commerçantes. L’une, la Grand Rue, maintient le tracé de l’ancien Decumanus Maximus et reste desservie par le pont (actuelle rue Victor-Hugo). La seconde conduit du nord au sud de la ville, de la porte Aiguière à la porte Evêque, la rue Alsace Lorraine. Elle dessert les  halles qui accueillent les marchés mais qui sont à l’occasion les lieux où la justice est rendue. Le quartier de L’Echevinage, proche du rempart, compose le poumon économique et civil de la cité médiévale.  En dépit de la densité de l’occupation, le couvent des Dominicains (appelés aussi Jacobins), un ordre Mendiant, parvient à s’installer au cœur de la cité au cours du 13e siècle contrairement au couvent des franciscains (Cordeliers) qui s’établit à l’extérieur des murs face à la porte Aiguière, au nord. Après les ravages de la guerre de Cent Ans, au 15e siècle, les bâtiments du couvent des Jacobins, dont la chapelle, sont reconstruits. La salle capitulaire et le chevet de la chapelle, dont la baie à remplages gothiques flamboyants propose des dimensions exceptionnelles, illustrent cette présence religieuse. Vendu comme Bien National, le couvent est racheté au début du 20e siècle par un négociant en cognac, Maurice Martineau. Ce collectionneur d’ouvrages régionaux et de documents anciens lègue à la Ville de Saintes sa prestigieuse collection de livres, une grande part de l’actuel Fonds Ancien de la Ville.

Isabelle Oberson

Cours