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Association pour la Connaissance de la Culture Historique Littéraire & Artistique


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Paris, du règne de louis XIV à la Révolution

L’apport le plus prégnant du règne de Louis XIV à l’aménagement de Paris est la place royale. Les places des Victoires et Louis-le-Grand (place Vendôme) sont aménagées par le premier architecte du roi et surintendant des Bâtiments royaux, Jules Hardouin dit Hardouin-Mansart (Paris, 1646-Marly, 1708). En même temps que la suppression des fortifications qui entourent Paris Louis XIV décide d’élever deux portes triomphales pour marquer l’entrée de la ville : la porte Saint-Denis et la porte Saint-Martin directement inspirées de l’arc de Titus à Rome. Car l’ambition du roi est de faire de sa ville une nouvelle Rome. Les églises à dôme sont là pour le montrer. On devait déjà à Jacques Lemercier le dôme de la Sorbonne, à François Mansart celui du Val-de-Grâce et à Louis le Vau ceux du collège des Quatre-Nations et de la Sapêtrière. Le dôme des Invalides couronne la série.

Louvois, qui désirait accueillir dans un hôtel les soldats estropiés, est à l’origine des Invalides. Le ministre fit acheter de vastes terrains dans la plaine de Grenelle et choisit le projet de Libéral Bruant qui réalisa le complexe de bâtiments et de cours inspiré de l’Escorial. Le résultat est saisissant de sobriété, de grandeur et d’équilibre. Louvois choisira un jeune architecte, Jules Hardouin-Mansart, pour construire l’église. Treize ans suffiront au petit neveu de François Mansart pour achever le bâtiment (1676-1689). L’embellissement de l’église explique que le roi, qui a surveillé de près les travaux, inaugure l’église le 28 août 1706, seulement.

Deux nouveaux quartiers sont dotés d’édifices aux dimensions considérables : l’église Saint-Roch (commencée par Lemercier en 1653, mais consacrée en 1740) et l’église Saint-Sulpice, atteignant 125 m de long pour la première et 120 m pour la deuxième.

Malgré l’établissement de plans directeurs (en 1765, celui de Pierre Patte, adversaire déclaré du « gothique ») projetant la démolition de certains bâtiments et le percement des voies, l’aménagement de la ville se fait très progressivement au gré des événements. C’est ainsi qu’au centre de Paris, deux incendies dégagent en partie le palais de la Cité. Le premier, en 1737, donne l’occasion à Jacques Gabriel (1667-1742) de rebâtir la Chambre des comptes. Le second, en 1776, plus grave, dévaste la Conciergerie, la galerie des Merciers, l’ancien Logis du roi et la Cour des aides. Les nouvelles constructions, dans un style homogène à colonnes doriques, transforment la Sainte-Chapelle en curiosité anachronique. Il reste, en 1715, cinq ponts construits de maisons : les ponts Marie, Notre-Dame, Pont-au-Change, Petit-Pont et Saint-Michel. L’incendie de 1718 vient résoudre le problème du Petit-Pont qui est alors reconstruit sans maisons. Mais il faut attendre 1769 pour décider de faire place nette sur les autres. Dans les années 1780, on a pensé à raser la forteresse de la Bastille, devenue inutile. L’idée suscite plusieurs projets, notamment celui de créer une place à la gloire de Louis XVI. Afin de donner un prolongement au jardin des Tuileries, on donne, en 1704, le nom de Champs-Élysées à l’avenue qui avait été prévue par Marie de Médicis et prolongée par Le Nôtre.

Elève de Girardon et d’Hardouin-Mansart, ingénieur des Ponts et Chaussées, Germain Boffrand (1667-1754) est une figure dominante du siècle. Tout en conservant le goût classique de ses prédécesseurs, il a su intégrer à ses constructions l’inclination pour le décor rocaille alors à la mode. Paris lui doit l’hôtel Amelot de Gournay (1712), entre autres, et l’aménagement d’intérieurs comme celui de l’hôtel de Soubise (1735-40), caractéristiques de la manière rococo. Jacques-François Blondel (1705-1774) sera le premier à réagir contre cette tendance et ces altérations baroquisantes, notamment en publiant plusieurs ouvrages théoriques et pratiques (L’Architecture française, 1752-1756). Il jouera un rôle important dans l’élaboration du style Louis XVI, plus épuré. Germain Soufflot (1713-1780) est lui aussi un adepte du renouveau architectural et du style néo-classique, annonçant avec son goût du colossal une tendance développée par Etienne Louis Boullée et Claude Nicolas Ledoux.

Après la paix d’Aix-la-Chapelle (1753), trois chantiers sont ouverts : la place Louis XV, l’Ecole militaire et l’église Sainte-Geneviève. On s’en remet à Louis XV pour le choix de l’emplacement de la statue équestre commandée à Bouchardon, qui fixe son choix sur le terrain séparant le jardin des Tuileries des Champs-Élysées. Cette mesure est décisive pour le développement de l’ouest de Paris.

Toujours à l’ouest, mais sur l’autre rive du fleuve, un nouveau bâtiment va borner la plaine de Grenelle, devenue le Champ-de-Mars : l’Ecole militaire (1751-1773), réalisée en partie par Jacques-Ange Gabriel (1698-1782), sorte de réplique aux Invalides avec sa façade impressionnante.

La construction de l’église Sainte-Geneviève est décidée pour l’accomplissement d’un vœu du roi qui, en 1744, malade, a invoqué sainte Geneviève. Le monument est commandé à Soufflot ; le souverain pose la première pierre en 1764 et en 1789, alors que le gros œuvre est achevé, la Révolution change la destination de la basilique pour en faire le Panthéon. L’architecte abandonne la façade saint-sulpicienne, si en vogue jusqu’alors, pour lui substituer un péristyle de colonnades corinthiennes rappelant un temple romain. La belle façade monumentale dessinée par Robert de Cotte (1656-1735) pour Saint-Roch (1739), marque l’architecture religieuse parisienne. Avec son escalier, ses deux étages aux ordres différents, ses ressauts et ses ornements sculptés, elle est plus en accord avec le baroque européen qu’avec l’architecture française.

Avec la Révolution, les changements politiques affectèrent la toponymie : la place Louis XV, bientôt place de la Concorde, devint entre 1792 et 1795 la place de la Révolution ; Louis XVI y fut guillotiné le 21 janvier 1793, après un brève captivité au Temple. Le « rasoir national » fonctionna aussi place du Trône-Renversé (la Nation) ; avant de s’appeler place des Vosges, la place Royale fut consacrée à l’Indivisibilité, tandis que celle du Carrousel l’était à la Fraternité.

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