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Association pour la Connaissance de la Culture Historique Littéraire & Artistique


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La cité romaine de Jérash (Jordanie)

Depuis la destruction partielle de la cité antique de Palmyre en Syrie, la ville de Gerasa (actuelle Jerash) en Jordanie est devenue le joyau des sites antiques du Proche-Orient. A découvrir absolument !

L’arc d’Hadrien ou « Bab Amman » (Porte d’Amman en arabe). Construit à 400 mètres au sud des remparts de la ville, il est élevé en l’honneur de l’empereur Hadrien qui passe l’hiver de 129/130 à Gerasa. Implanté sur la voie Gerasa/Philadelphia (Amman), il était destiné à marquer une extension projetée (mais avortée) de la ville vers le sud. C’est l’un des plus grands arcs connus de l’empire romain. Une très grande inscription grecque ornait sa façade nord (côté ville). Cette dédicace est modifiée par la suite (les titres de la cité, « sacrée, asile et autonome« , sont alors effacés). La perte de ses titres honorifiques (qui ne peut relever que d’un ordre impérial), est révélatrice des troubles survenus à Gerasa au moment de la deuxième révolte juive (132/135).

Dès le milieu du 2e siècle de notre ère, le projet d’extension urbaine vers le sud prévue sous Hadrien est abandonné. Les terrains de l’ancienne nécropole (à l’ouest de la route Gerasa/Philadelphia) sont en partie utilisés pour y implanter un hippodrome. Long de 250 mètres, large de 50 mètres, ce monument est le plus petit (mais le mieux conservé) des cirques antiques connus (remarquable en particulier pour les carceres : les loges de départ des chevaux). Il est prévu pour accueillir 17 000 spectateurs. Achevé au début du 3e siècle, sa partie nord est transformée en amphithéâtre dès la fin du 4e siècle (sa partie sud étant abandonnée ou squattée par des potiers). Il n’est donc pas sûr que les « rouges », les « vert », les « bleus » et les « blancs » y ont disputé la moindre course. Partiellement ruiné, entre le 6e et le 8e siècle il sert de carrière pour réparer le mur d’enceinte de la ville, de local pour des artisans teinturiers et même, de fosses communes (au 8e siècle) pour ensevelir à la hâte plusieurs centaines de victimes d’une « peste ». Le grand tremblement de terre de 749 entraîne sa ruine définitive.

Le Sanctuaire de Zeus Olympien occupe un emplacement vénéré de l‘âge du Bronze Moyen à la fin de l’époque romaine. Il est implanté sur le flanc d’une colline dominant la Place Ovale. C’est à l’époque romaine que ce sanctuaire connait son extension maximale avec la construction du grand temple au sommet de la colline. Le Sanctuaire comprend deux parties réparties sur deux terrasses dites « inférieure » et « haute ».  La terrasse inférieure toujours visible (100 m x 50 m) est achevée en 27/28 de notre ère par « Diodoros, fils de Zebedas, architecte de Gerasa« . Elle était entourée d’un couloir voûté, dont quelques portions sont encore visibles aujourd’hui. Les demi-colonnes d’ordre ionique des façades supportaient une frise dorique. En 162/163, un grand temple est construit au sommet de la colline…, d’où l’aménagement d’un grand escalier passant au dessus de la façade ouest de la terrasse inférieure pour y accéder. Transformé en monastère à la fin du 5e siècle, il est, à l’époque omeyyade, réoccupé par des fermiers et des artisans potiers. Ruiné et abandonné après le tremblement de terre de 749, il est brièvement réoccupé, au 12e siècle par un petit groupe de Croisés. le Naos est édifié en 69/70 au-dessus d’une grotte vénérée plus de mille ans avant notre ère. Il est détruit une 1re fois au moment de la 2e révolte juive, puis reconstruit (tous les blocs de l’ancien naos sont alors soigneusement enterrés dans les fondation du nouveau bâtiment). Ce Naos est finalement détruit en 450/455 quand le sanctuaire est transformé en couvent par des moines chrétiens. L’évêque Placcus réutilise ses blocs pour construire la cathédrale et les thermes qui portent son nom.

Le temple dédié à Artémis, déesse protectrice de la ville, est véritablement spectaculaire. Il s’agit d’un des plus grands complexes religieux de l’Orient romain, que l’on peut dater du 2e siècle. Ainsi, le temenos à portiques délimitant l’aire sacrée mesurait 240 x 120 m. À travers d’immenses propylées (8, dont la façade donne directement sur le cardo), on arrivait à un escalier imposant, large de 19 m, qui conduisait au temenos. L’ensemble des édifices du sanctuaire était complété par un nymphée, donnant lui aussi sur le cardo. En face, de l’autre côté de la voie à colonnades, prenaient place les grandioses thermes occidentaux.

Le Théâtre Nord de Gerasa est désigné comme étant un odéon dans la grande dédicace qui coure sur l’architrave de la frons scaenae (bâtiment de scène – non restauré). Il était donc destiné à accueillir des récitals de musique, des déclamations poétiques, etc. Cependant, dans un premier temps, il est limité à un simple mur de scène percé de trois portes monumentales et à une cavea réduite (ensemble des sièges en hémicycle). Il accueillait donc les réunions de la boulé (conseil municipal) et d’une autre assemblée (à la proportionnelle), celle des représentants des douze tribus civiques de la cité (comme le signalent les inscriptions gravées sur les sièges). C’est actuellement le plus bel exemple connu au monde où de telles informations sur l’organisation de la vie civique d’une ville antique sont conservées. Sa date de construction n’est pas connue mais peut être placée sous le règne de d’Hadrien, peut-être même Trajan. Ce bouleutérion est agrandi et transformé en odéon en 165/166. Il est alors doté de rangées de sièges supplémentaires et d’un velum, couverture amovible, en toile, sur câbles tendus. Abandonné, il est réoccupé par des potiers à l’époque omeyyade, avant d‘être ruiné par le tremblement de terre de 749.

Le développement (et l’enrichissement) de Gerasa entraînent une demande de fourniture croissante et régulière d’eau à l’intérieur de la ville. La capacité du premier aqueduc, vraisemblablement mis en service en 125 de notre ère, est augmentée à la fin du 2e siècle pour satisfaire la demande liée, en particulier, à la construction des thermes. Un grand Nymphée est alors construit vers 190/191 de notre ère pour compléter le dispositif des petites fontaines établies le long du Cardo. Le Nymphée est une fontaine monumentale destinée à satisfaire les besoins journaliers de la population. Implanté le long de la rue principale, il comprenait deux ailes encadrant une abside semi-circulaire centrale couverte par une voûte en maçonnerie. L’eau jaillissait de nombreuses gueules de lions sculptées ; elle était rassemblée dans un large et profond bassin occupant toute la largeur de l’édifice. L’eau s’écoulait en permanence et le trop plein était recueilli par le système d’égouts de la rue.

Une place marquait l’intersection des deux rues principales de la ville (le Cardo et le Decumanus Sud). Du monument construit au centre de la place il ne reste plus aujourd’hui que quatre puissants massifs ornés de niches. A l’origine, chacun de ces massifs supportait quatre colonnes de granite rose d’Assouan (Egypte) couronnées par un entablement. Ces colonnes de granite correspondaient à des importations coûteuses et pourraient représenter un cadeau impérial. Chaque groupe de quatre colonnes correspond à un tetrakionion. Le nom de tétrapyle donné à l’ensemble du monument est donc inapproprié. À la fin du 4e siècle, ces tetrakionia abritaient les statues des empereurs Diocletien, Maximien Hercules, Constance Chlore et Galère (les Tétrarques qui règnent conjointement entre 295 et 306). Au 6e siècle, la plupart des colonnes de granite sont réutilisées pour construire l’église octogonale édifiée à 500 m au nord des remparts, dans la nécropole nord.

En complément : Gerasa

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